Fort Simpson
13 septembre 2015

Après avoir achevé le précédent résumé sur l’ordinateur de Tim, nous avons partagé un repas copieux et amical qui a régénéré mes forces. J’ai alors réalisé à quel point les doutes dont je vous faisais part, quant à ma forme physique, étaient exagérés. C’est sur les chapeaux de roues et sous un ciel clément que j’ai repris ma route sur le fleuve Mackenzie, superbement éclairé par des feux de couleurs, ceux allumés par l’automne.

les horizons, les rives étaient alors jonchées de canots d’écorce de bouleau et l’on pouvait voir partout se dresser des tipis d’où s’échappait une éternelle fumée. C’est sur l’un de ces anciens sites, en conservant le même foyer, que le camp dédié aux nouvelles générations a été édifié.

Comme me le disait justement Gilbert, un enseignant au camp : “Quand le vent t’arrête pour plusieurs jours, il y a toujours une bonne raison, parfois c’est simplement pour que tu prennes le temps de visiter les environs.”

Tulita
20 septembre 2015

J’ai passé une journée intéressante, au point de vue culturel, en compagnie de Michel qui a fait tout son possible pour m’être agréable. J’ai fini par remercier Eole de m’avoir conduit jusqu’ici. Je ne peux résister à la tentation de vous énumérer les différentes activités professionnelles qu’a exercées Michel. Par ordre chronologie, il a été bedeau, soldat de la marine, puis directeur du personnel dans une agence de télécommunication. Il est actuellement professeur de mathématiques à Fort Simpson et se charge de former des serveurs pendant l’été dans un restaurant huppé de Toronto. Voyageur international émérite, il a comme projet d’épouser une jeune millionnaire chinoise, et de se lancer dans le commerce du vin. Wouaou ! Preuve faite que l’aventure peut aussi se vivre en terrain parfaitement civilisé ! Merci pour tout Michel, je te souhaite un franc succès dans tous tes projets !


Pagayer au mois de septembre au-delà du 60éme parallèle ne relève pas de l’idylle car je suis la moitié du temps dans le brouillard ou les nuages bas, et les arbres n’ont déjà presque plus de feuilles. Bref, le temps ne se prête guère aux ablutions auxquelles je me livre. Moins fous que moi, les migrateurs volent en formation vers le sud, aidés par un vent du nord, qui entrave le plus souvent ma progression. Plus gênant, les coupures et éraflures (principalement aux pieds) ne cicatrisent plus, en raison d’une humidité dépassant souvent les 90%, alors que les prévisions annoncent de la neige pour

les prochains jours… Il est grand temps que je rejoigne Norman Wells, à seulement une journée de pagaie, et terminer ainsi la partie kayak. Quelques soient les rigueurs du climat, Mère Nature pense toujours à récompenser les assoiffés d’azur qui s’y soumettent avec résignation. Ainsi, la vue d’un lynx altier, me toisant du haut d’un tertre, puis en escaladant un autre avec une grâce aérienne, fut suffisante pour me faire oublier tous les mauvais moments. D’une manière générale, en cette fin de saison, les animaux se montrent moins discrets, ours noirs, renards et élans ne sont pas rares sur les berges.

près Norman Wells, je partirai pour une marche de 600 km, en autonomie, à travers les Rocheuses. Depuis le lit du fleuve je les vois déjà, intimidantes et mystérieuses, qui attisent curiosité et appréhensions. Pour l’heure, je me trouve bloqué par une tempête à Tulita, petite communauté amérindienne isolée. J’ai décidément maille à partir avec le vent, troisième tempête en trois semaines, je m’estime toutefois chanceux d’avoir pu me mettre à temps au chaud et au sec, chez Ryan, un employé des parcs nationaux, dans de très bonnes conditions pour cicatriser mes plaies.


