Rivière Windigo
4 juin 2015
Une journée de 13 h pour 35 km en kayak et 5 portages. La rivière Windigo est haute et agitée, conséquence un chavirage dans un rapide, les sandales sont perdues… Le paysage est grandiose !
Muskrat Dam
8 juin 2015
Après 5000 km de bons et loyaux services, j’ai fait don de mon vélo à un couple vivant loin de tout avec ses 5 enfants, près du lac Windigo. Une famille pieuse qui a reçu l’étranger que je suis comme si j’étais Jésus. Je leur ai fait mes adieux le ventre noué par toutes les craintes qui me hantaient depuis un mois. En effet, le kayak est une discipline que je ne pratique que depuis un an, mes compétences y sont limitées. En outre, j’allais commencer par une rivière assez difficiles comportant beaucoup d’incertitudes.
Ainsi, en sus de mon sac à dos fixé à l’avant du kayak, je me suis lancé avec tout un fatras de peurs. La peur de chavirer, de perdre du matériel, de percer le kayak (4 fois), que le vent se lève en pleine traversée d’un lac, de ne pas trouver les chemins de portage,qui d’ailleurs sont à l’abandon, quand ils existent ! La destinée a voulu que tout cela m’arrive en 3 jours seulement… Le sort m’a causé d’autres frayeurs : en l’espace de quelques minutes, j’ai failli provoquer un feu de forêt et brûler ma tente par la même
occasion. Dans la précipitation, je me suis ouvert le gros orteil sur une petite branche coupée en biseau par un castor. Une blessure de plus à mes pauvres pieds déjà bien meurtris.
Loin de me rebuter, ces incidents furent en réalité une bénédiction, ils m’ont même rassuré car je sais maintenant qu’ils ne sont, ni insurmontables, ni effrayants. Mon esprit est ainsi libéré et je peux jouir du grand spectacle sauvage qui se déroule chaque instant sous mes yeux. Bien qu’inexplicable, je ressens en forêt le plaisir d’être ici chez moi, comme un retour après une longue absence.
Je suis arrivé un dimanche après midi à Muskrat Dam, une localité de 200 âmes accessible seulement par les airs ou…par l’eau, j’attends maintenant l’ouverture du bureau de poste, demain matin, pour y récupérer mon ravitaillement (nourriture et cartes).
Le challenge des prochains jours est de traverser 50 km de marais, ce que, tous les riverains me déconseillent. J’attends de voir moi même avant de prendre une décision. Si effectivement c’est impossible, je devrais me résigner à un détour de 100 km.
Sachigo Lake
12 juin 2015
Après avoir fait mes adieux à la charmante communauté de Muskrat Dam, j’ai pris la clef des marais. Il m’a fallu faire preuve d’une adaptabilité à toute épreuve : Savoir, dans une même journée, passer de la sur-sollicitation que je provoquais par ma présence insolite, à la solitude totale une fois sortie du village. Il est difficile d’apprécier l’une sans subir l’autre qui surgit sans crier gare. Il est important de bien se connaître pour ne pas avoir peur de l’inconnu qui m’ouvre subitement les bras pour m’engloutir tout entier. Dès lors, ma seule chance de survie est de rejoindre la prochaine communauté d’Homme. « Jouer » ainsi volontairement avec son instinct de survie décuple les forces. Je l’utilise sans vergogne pour booster mes capacités physiques.
jusqu’à la cheville, au pire jusqu’à la hanche. Il m’a fallu puiser jusqu’au plus profond de mes ressources pour venir à bout de ce marais traversé par trois rivières… Au terme de 2 jours d’efforts harassants, c’est avec une joie indicible que j’ai mis mon kayak à flot dans le lac Sachigo. A peine ai-je donné quelques coups de pagaie qu’un vent violent se déchaîna me contraignant à 24 h d’immobilité, mises à profit pour récupérer.
Prochain départ, demain matin pour Red Sucker, une autre petite communauté amérindienne. Arrivée prévue dans 4 jours environ.
Sur une île du lac Red Sucker
17 juin 2015