L’hormèse par le jeûne

Introduction

Le corps humain supporte mal la surabondance alimentaire dans laquelle nous sommes confrontés car nos gènes n’ont pas été sélectionnés pour cela. En revanche, il regorge d’adaptations pour faire face au manque de nourriture qui est un phénomène naturel.

Nous avons tous en nous, un programme sur lequel l’organisme peut switcher lorsqu’il rentre en période de jeûne afin d’utiliser ses réserves pour subvenir au besoin cellulaire : c’est le principe de l’autolyse. La lyse (destruction cellulaire) s’effectue sur nos propres tissus, en commençant par ceux superflus, malades et parfois dangereux. Ainsi, les excès de graisses en réserve seront utilisés bien avant que ne soient entamées les masses musculaires (celles-ci peuvent être partiellement utilisées si le jeûne se prolonge sur une longue durée). Les organes nobles comme le cerveau, les tissus nerveux, les glandes, le cœur ne sont pas affectés par cette lyse. Le jeûne est un processus d’auto-nettoyage sélectif de l’organisme, où une « épargne protéique » est mise en place.

Sarah Juszah, naturopathe, spécialiste de l’alimentation santé et de la crusine, formée au jeûne et randonnée.

Les études montrent sans équivoque qu’il est optimal pour le corps de rester quotidiennement entre 12 et 16h sans manger. C’est ce que l’on appelle le jeûne intermittent, il permet à l’organisme de bénéficier d’un repos digestif et d’enclencher le processus d’auto-nettoyage. Les conséquences pour la santé sont notables en terme d’allongement de la durée de vie (prouvé sur les souris), de la diminution des processus inflammatoires et du renforcement de l’immunité. Concrètement, cela revient à sauter un repas, de préférence le petit déjeuner afin de bénéficier d’une période d’activité le ventre vide.

Au-delà de la guérison, le jeûne est une pratique saine à adopter régulièrement dans sa vie, pour remettre le système à zéro et lui permettre de « souffler » un peu. En particulier dans le contexte d’un moment unique dans l’histoire de l’humanité où nous mourrons d’être trop « nourris ».

Françoise Wilhelmi de Toledo écrit :

« (Par le jeûne) On obtient… une stabilisation des maladies de notre époque, comme syndrome métabolique, qui est une association d’obésité abdominale, de diabète de type II, d’hypercholestérolémie, d’hypertension et d’hyperuricémie. Au lieu de donner cinq médicaments plus ceux pour pallier les effets secondaires on fait un jeûne pour remettre à zéro tous les compteurs. Evidemment, les effets positifs ne se maintiendront que si la personne améliore son style de vie. Ce peut être un nouveau départ. »

Pour se confronter à la faim et bénéficier des ses effets salutaires, il est aussi possible de jeûner plusieurs jours voir plusieurs semaines. Au bout de deux ou trois jours de jeûne, le corps ralentit son métabolisme de base pour s’économiser : la température corporelle, la tension et le pouls baissent, et la motivation pour toute activité se désagrège. En contrepartie, les sens s’aiguisent, les schémas comportementaux nous laissent en paix et les facultés mentales (imagination, lucidité, mémoire, intuition) sont littéralement dopées. On vit alors une formidable expérience intérieure. Si on ne peut effectuer un effort physique intense pendant un jeûne, l’énergie est toujours présente pour réaliser un effort d’endurance modéré tel que la marche. Il s’agit là d’un processus adaptatif sélectionné par l’évolution. Pour survivre en période de restriction, c’est précisément à ce moment là que l’être humain doit être le plus pertinent dans ses choix et apte à se déplacer sur de longues distances.

Récit de ma traversée des monts Mackenzie, 360 km de trek sans manger pendant 14 jours en août 2018.

Les mécanismes du jeûne

Le jeûne apporte une solution efficace pour soulager naturellement beaucoup de maladies, notamment celles dites de civilisation. Obésité, hypertension, migraines, douleurs, inflammations, dépression, épilepsie, cancer, … Le jeûne est aussi intéressant pour ses bienfaits psychologiques et pour la reconnexion à soi. Il est d’ailleurs scientifiquement prouvé que le jeûne périodique et la restriction calorique, si elle est équilibrée, nous protègent du processus de vieillissement prématuré et des maladies chroniques de civilisations. 

Les effets positifs du jeûne proviennent de 4 principaux mécanismes clés : le repos physiologique, l’activation des émonctoires, l’autolyse contrôlée des tissus vieillis, malades et tumoraux, et la régénération du corps avec production de cellules souches.  

Le repos physiologique

Au-delà du 3ème jour de jeûne, le métabolisme se ralentit : la respiration, la circulation sanguine et toutes les activités vitales sont ralenties. Les organes internes, les glandes endocrines et le système digestif se reposent. Seul le système d’élimination fournit un travail considérable, car il libère le corps de ses toxines accumulées en profondeur. Cette détoxification demande beaucoup d’énergie, et si elle n’est pas suffisante et disponible, les fonctions d’élimination et de réparation seront diminuées, ce qui entraînera des symptômes de détox pouvant être désagréables. C’est donc grâce à ce temps de repos que l’organisme peut investir toute l’énergie dans ses activités réparatrices : redonner sa vigueur à un système digestif épuisé, rééquilibrer un système glandulaire surmené, reposer un système nerveux tendu. C’est ce mécanisme qui confère au jeûne son efficacité et son caractère thérapeutique.

L’activation des émonctoires

En temps normal, avec trois repas voire plus par jour, l’organisme dépense une bonne partie (entre 40 et 60 %) de son énergie à la digestion. Avec le jeûne, cette énergie est utilisée à d’autres fins, notamment à l’élimination des déchets. Ainsi les émonctoires principaux : foie, reins, peau, poumons et intestins qui vont pouvoir excréter un maximum de toxines en vue de nettoyer le corps.

L’autophagie ou autolyse contrôlée des tissus vieillis, malades et tumoraux

Le mot « autolyse » vient du grec et signifie « perte de soi-même ». En physiologie, il désigne le processus de digestion et de désintégration des tissus par des enzymes. C’est parce qu’il est privé de tout apport de nutriments pendant le jeûne que notre corps pratique l’autolyse. 

Le corps exerce un contrôle très strict sur ce processus : les tissus sont détruits en raison inverse de leur utilité et les tissus vitaux du corps ne sont pas sacrifiés. Au contraire, les tissus non essentiels ou anormaux, sont plus facilement détruits par autolyse, et leurs composants transportés à travers l’organisme pour être recyclés et ainsi nourrir les tissus vitaux ou sains. Les radicaux libres sont également neutralisés, puis éliminés. Notre corps se répare ainsi en profondeur. C’est ce processus d’autodigestion et de désintégration des tissus usés qui conduit à la régénérescence des cellules tissus et des organes. 

L’autolyse s’attaque dans l’ordre :

  1. Aux déchets métaboliques circulants dans le sang.
  2. Aux graisses et aux déchets stagnants qui sont emmagasinés plus profondément dans l’organisme.
  3. Aux déchets incrustés (kystes, fibromes, et tumeurs).

La régénération avec production de cellules souches

La dernière raison qui fait que le jeûne est efficace contre les maladies est qu’il transfère aussi la vitalité libérée par la digestion vers le système immunitaire. Selon Valter longo (gérontologue italo-américain et professeur de biologie spécialisé en biologie cellulaire et en génétique) : « Le jeûne donne le feu-vert aux cellules souches pour qu’elles s’activent et commencent à proliférer jusqu’à reconstruire l’ensemble du système immunitaire. Et l’autre bonne nouvelle est que le corps se débarrasse des parties vieillies, endommagées et inefficaces, au cours du jeûne. Si vous partez d’un système immunitaire fortement endommagé par la chimiothérapie ou le vieillissement, les cycles de jeûnes peuvent littéralement régénérer le système immunitaire ».

Le jeûne favorise aussi la neurogenèse, ce qui prévient notamment l’apparition des maladies d’Alzheimer et de Parkinson, des troubles mentaux et de la dépression. Enfin, le jeûne a des effets bénéfiques pour régénérer la flore intestinale et ils ralentissent les marqueurs du vieillissement. L’ensemble de l’organisme profite donc du nettoyage en profondeur mis en place par le jeûne.

Les 3 processus de production d’énergie lors d’un jeûne :
 

  1. Le corps épuise sa réserve de glucose en deux journées (en moyenne), puis, en fabrique à partir des vieilles protéines, celles qui ont besoin d’être recyclées.
  2. La majeure partie (97%) des protéines sont préservées, le corps utilise ensuite les lipides. La durée de cette phase varie selon la masse de graisse disponible.
  3. Quand il reste moins de 5% de masse grasse, les protéines ne sont plus économisées. La phase 3 commence, il devient urgent de se réalimenter.

Ce que l’on peut attendre d’un jeûne

Voici une liste non exhaustive des bienfaits que l’on peut observer suite à un jeûne :

  • Une perte de poids (environ un kilo par jour les premiers jours) mais ce n’est pas l’objet du jeûne !
  • Un rééquilibrage de l’appétit.
  •  Une élimination accélérée des toxines.
  • Une aide pour se détacher de ses addictions.
  • Une destruction progressive des cellules malades, défectueuses ou endommagées.
  • Une accélération de la cicatrisation.
  • Un système immunitaire renforcé grâce à une action des globules blancs plus efficace.
  • Une régénération tissulaire accélérée grâce à la production en masse de cellules souches.
  • Une réduction de tous les facteurs de risques pour des maladies cardio-vasculaires.
  • Une purification de la peau qui devient plus douce et gagne en tonus.
  • Une prévention anti-âge, les rides s’estompent.
  • Un assainissement du microbiote intestinal.
  • Une diminution des inflammations chroniques et des manifestations allergiques.
  • L’accélération de la neurogenèse.
  • Une prise de conscience importante sur la façon dont on mène sa vie.
  • Un esprit éclairci et des capacités créatrices, de mémorisation et de réflexion augmentées.
  • Un déclic pour ajuster et réorienter la trajectoire de sa vie.
  • Un gain d’énergie vitale et de joie de vivre.

Les contre-indications au jeûne

Voici une liste non exhaustive des circonstances pour lesquelles le jeûne est déconseillé :

  • Manque d’énergie vitale
  • Cachexie (amaigrissement extrême)
  • Anorexie
  • Hyper ou hypo thyroïdie sous Levothyrox
  • Diabète de type 1
  • Athérosclérose cérébrale avancée
  • Insuffisance hépatique ou rénale avancée
  • Grossesse et allaitement
  • Ulcère de l’estomac, du duodénum
  • Affections coronaires avancées
  • Maladies mentales avancées
  • Traitement médicamenteux (diabète, chimio, immunosuppresseur, etc) en cours (à voir avec son médecin)

Suggestions de lectures pour aller plus loin

  • L’article « Jeûne actif versus jeûne hygiéniste ».
  • « Le jeûne, une nouvelle thérapie ? », Thierry de Lestrade.
  • « L’art de jeûner », Dr Françoise Wilhelmi de Toledo.
  • « Le jeûne », Gisber Bölling.
  • « Le jeûne qui guérit », Dr E.H.Deway.
  • « Santé et Guérison par le Jeûne », Arnold Ehret.
  • « Et si on s’arrêtait un peu de manger de temps en temps », Bernard Clavière.

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