Sri Ramana Ashram et Isha Yoga Center

Le Sri Lanka est plus ouvert au tourisme que l’Inde ce qui fait davantage évoluer les mœurs. Par exemple, sur les plages, le maillot de bain n’attire pas les regards alors qu’il fait figure d’exception côté indien où l’on se baigne tout habillé. Il y a également moins de pauvreté, on ne retrouve pas ici de quartiers insalubres et rares sont ceux qui dorment à même le trottoir au beau milieu de la cohue tonitruante. La fréquentation occidentale n’a pas apporté que des bénéfices, l’usage de drogues (alcool, tabac et autres) s’est également développé. Il y a cependant une constante entre les 2 pays : ils ont tous au minimum 3 questions en bouche quand ils abordent un étranger : De quel pays viens-tu ? Depuis combien de temps es-tu là ? Comment trouves-tu notre pays ?
 
J’ai passé de doux moments en solitaire entre Bentota et Tangalle où certains Sri Lankais me rejoignaient à l’aube sur la plage pour partager ma routine matinale face au soleil et à l’océan. Cependant, je sentais l’appel de la montagne qui se trouve au centre de l’île. Alors, après 7h de bus et 2h de train, je suis arrivé aux abords de Horton Plains, une réserve naturelle qui abrite les plus hauts sommets (environ 2000m) de l’île. Un lieu que j’ai choisi pour son isolement afin de jeûner 3 jours avec des balades dans la jungle.
 
Un petit jeûne de routine où j’ai connu une forte détox émotionnelle déclenchée par la somme indue que j’ai payée à l’entrée du parc. Pour diverses raisons, cela a fait remonter toutes les frustrations, les peurs et les colères liées à mon activité professionnelle. D’ailleurs, sur le moment, pris dans la tempête émotionnelle, j’avais envie de tout arrêter. Je pensais avoir fait la paix avec ces sentiments alors qu’en réalité je les avais refoulés. C’est là où les enseignements de Vipassana ont été secourables en me dévoilant les désirs et les aversions agissant à la source de mes tourments. Cette détox m’a permis de revenir sur des bases saines : suivre ses élans de vie c’est déjà beaucoup et il est important, pour vivre heureux et en paix, de faire confiance dans l’intelligence créatrice et de ne pas avoir d’attentes dans ce processus évolutif que l’on appelle la vie…
De retour en Inde, j’ai pris un bus couchette en direction de Tiruvannamalai, un haut lieu de pèlerinage connu pour ses temples et ses ashrams dominés par les 800m du mont Arunachala. Quotidiennement, des milliers de pèlerins, souvent le crâne rasé, parcourent pieds nus les 14 km qui font le tour de cette montagne sacrée. On y rencontre de nombreux petits marchands et des centaines sadhus en robe safran qui font l’aumône, parfois avec insistance.
 
C’est dans les grottes de cette montagne que Sri Ramana Maharshi (1879-1950), considéré comme l’un des plus grands sages de l’Inde, est resté pendant près de 20 ans en contemplation dans le silence. En 1922, un ashram a été fondé pour accueillir la foule de fidèles qui lui rendaient visite pour s’imprégner de son aura et suivre son enseignement essentiellement centré sur la notion du Soi et la question «Qui suis-je ?».
 
75 ans après sa mort, son ashram qui vit de donations continue d’offrir gratuitement le gîte et le couvert aux milliers de fidèles venus du monde entier qui, aujourd’hui encore, viennent s’y recueillir et passer quelque temps dans le silence et la dévotion au rythme des rituels, des chants, des lectures et des offrandes.
 
Venu sur place pour avoir entendu parler de ce lieu à plusieurs reprises, je ne suis resté que 48h en raison de l’agitation incessante et du bruit permanent de la ville victime de son succès. Juste le temps néanmoins de me procurer un de ses livres “Qui suis-je ?” pour y lire avec intérêt que Sri Ramana recommande une alimentation sattvique, le contrôle de la respiration ainsi que la méditation comme outils pour apaiser le mental en vue de réaliser le Soi.
 
Dans le régime sattvique, on trouve les notions de “pur, essentiel, naturel, vital, énergétique, propre, conscient et vrai”. Un régime sattvique respecte aussi Ahimsa, le principe de ne pas nuire aux autres êtres vivants. L’alimentation vivante est donc sattvique et avec la méditation Vipassana (au plus proche des enseignements du Bouddha) que je pratique quotidiennement, je vois cette visite comme une confirmation que je suis sur le bon chemin…
Après un court passage à l’ashram de Sri Ramana Maharshi où j’ai dû quelque peu me défendre des singes, car eux aussi raffolent du jackfruit, j’ai rejoint le centre ville de Tiruvannamalai pour y prendre un bus-couchette à destination de Coimbatore à 350 km de là. Sous un soleil ardent, l’agitation frénétique était à son comble et les klaxonnes surdimensionnés des innombrables bus qui se frayaient un passage dans la circulation dense étaient à rendre sourd. Au milieu de la cohue où l’on m’indiquait un lieu de prise en charge différent chaque fois que je questionnais un chauffeur, je n’ai pas réussi à trouver le bus que j’avais réservé. Submergé par l’énergie intense des lieux, j’ai lâché prise et je suis tout simplement monté dans le premier bus (sans couchette ni toilette) que l’on m’indiquait et, 9h plus tard avec une escale, j’arrivai à destination.
 
Quelques jours plus tard, j’entrai pour la première fois dans l’ashram de Sadhguru, appelé Isha Yoga Center, qui est situé à une heure de bus de Coimbatore. Idéalement isolé au milieu des bananeraies et des cocoteraies, loin de la ville, il est entouré aux trois-quart par une belle chaîne de montagnes recouvertes de forêt. C’était le 26 février et je venais pour participer à Mahashivratri, une fête spirituelle en l’honneur de Shiva qui a lieu de 6h du soir à 6h du matin sur un vaste terrain vague aménagé pour l’occasion. Ouvert à tous, sans obligation de payer une entrée, ils étaient un million à venir de toute l’Inde pour participer à cet événement majeur où les drogues (légales ou non) et les produits animaux ne sont pas autorisés. La nuit entière fut animée avec des méditations guidées par Sadhguru, des concerts et des spectacles qui se déroulaient juste devant Adiyogy, une statue de 34m représentant le buste de Shiva, la plus grande au monde.
 
Le cœur de l’ashram est accessible en suivant un long chemin pavé situé derrière Adiyogi. Il est bordé d’échoppes vendant de la nourriture et des hauts-parleurs régulièrement espacés diffusent la voix du guru chantant “Shambho Mahadeva”. On arrive ensuite à un haut portique où se dresse un cobra géant sculpté dans le mur.
 
On le retrouve représenté en pierre ou en cuivre dans toutes les parties de l’ashram car il symbolise, dans la tradition yogique, l’aspiration humaine à atteindre le sommet de la conscience. Les visiteurs passent ce portique sous le regard des gardiens qui vérifient les autorisations de passage et le contenu des bagages, comme dans les aéroports, à ceci près que l’on doit être pieds nus… Une fois déchaussé, le visiteur pénètre alors dans une petite ville habitée majoritairement par de jeunes indiens animés par l’énergie de la dévotion et du recueillement propre à tous les ashrams. L’ambiance évoque à la fois le campus d’université (où l’on étudie l’ingénierie intérieure, nom donné à la formation en ligne de Sadhguru) et le parc d’attraction (avec ses boutiques, ses restaurants et ses guichets où l’on fait la queue).
 
Au milieu des jardins fleuris et des statues, on découvre de somptueux bâtiments aux dimensions impressionnantes dont les blocs de pierre, colonnes et sculptures rappellent le style antique. Sur un sol entièrement pavé de grandes dalles de granit agréables aux pieds, on peut accéder à différents bâtiments remarquables. Il y a le Suryakund (pour les hommes) et le Chandrakund (pour les femmes) qui sont des bains (frais) magnifiquement décorés et alimentés par une source venant des montagnes environnantes. Il y a aussi le Linga Bhairavi, un temple dédié à la déesse Shakti où les pratiquants viennent se connecter à l’énergie féminine divine. Et son pendant, le Dhyanalinga, un temple dédié à Shiva et à l’énergie masculine représentée sous la forme d’un linga, c’est-à-dire un phallus, symbole de l’énergie créatrice divine.
 
Selon Sadhguru, le temple qui abrite le Dhyanalinga est conçu pour durer 5000 ans, quant au Linga qui reçoit quotidiennement moult offrandes et prosternations des dévots, la Terre pourrait être détruite qu’il resterait intact …
Visiter l’Isha Yoga Center de Sadhguru faisait partie de mes priorités et je n’ai pas été déçu du voyage tant le lieu est grandiose et dénote, par son dynamisme, des précédents ashrams que j’ai visités. Ici, le gourou fondateur est encore en vie et le lieu est essentiellement fréquenté par la jeunesse. Tout est d’une propreté irréprochable et l’organisation y est excellente. Initialement, c’est son discours ouvert à l’alimentation vivante qui avait attiré mon attention. Pourtant, sur place, j’ai dû mon salut à un petit vendeur de jus qui a gentiment accepté de me vendre des fruits au détail. Lors des repas où l’on mange tous assis par terre sur des nattes et dans le silence, avec comme fond musical la voix de Sadhguru qui chante, il y a très peu de fruits et légumes crus (2 petites bananes les jours maigres, quelques tranches de pastèque les jours fastes) mais toujours plus que dans les autres ashrams. Il y a bien une petite épicerie (minuscule par rapport au lieu) mais elle se fait dévaliser à chaque arrivage de fruits et légumes. L’alimentation est pourtant un élément clé de l’ingénierie intérieure chère à Sadhguru….
 
Tous les ashrams ont des règles monastiques pour maintenir un certain ordre et garantir une atmosphère propice à l’étude et l’apprentissage. Par exemple, une des règles communes à tous les ashrams est d’ordre vestimentaire. On est tenus de porter un pantalon (non moulant) et un haut avec des manches (sans décolleté) quelle que soit la chaleur. A Isha Yoga Center la vigilance est de mise pour ne pas transgresser les nombreuses règles, pour certaines changeantes voire contradictoires. Même si tout le monde s’appelle grand-frère ou grande-soeur (anna et akka), on se fait parfois reprendre sans aménité par les jeunes moines de Sadhguru (les swamis) ou le personnel nonchalant qui ne cache pas toujours sa lassitude de voir passer autant de monde.
 
Ceci-dit, je suis resté baba devant la prouesse de Sadhguru d’avoir réussi à faire sortir de terre cette oasis au milieu du chaos de l’Inde. Ici, pour une somme modique ou en faisant du volontariat, la jeunesse peut se retrouver entre-elle dans une nature propre, au calme, se baigner dans l’eau de la montagne, manger des repas équilibrés (d’un point de vue ayurvédique) et se promener dans des parcs fleuris, aux fragrances agréables où les écureuils et les paons s’égaillent en toute insouciance. Une réussite exceptionnelle ! Il faut néanmoins abandonner toute velléité d’aller se dégourdir les jambes dans les environs car l’ashram est ceint d’une haute clôture avec des rouleaux de barbelés comme dans les camps militaires. Il y a aussi des centaines de caméras qui surveillent jour et nuit tout ce qui se passe dans l’ashram.
 
Après tout, ce n’est pas un centre de vacances mais plutôt un immense lieu de stages dispensant plusieurs programmes de yoga. Pour cela, il est nécessaire d’avoir suivi au préalable la formation en ligne “Ingénierie intérieure”. N’ayant pu la valider à 2 reprises, suite à une coupure de courant quand j’étais au Sri Lanka et, plus tard, à un réseau 4G instable, je me suis contenté des témoignages de ceux qui avaient suivi les programmes. Tous les retours étaient enthousiastes et j’ai cru comprendre qu’une place importante était réservée aux rituels et à la dévotion. Cette approche ne me correspond pas mais il semblerait que Sadhguru soit en train d’établir un vaste programme de remise au yoga des Indiens avec comme ambition de l’étendre au monde entier. Affaire à suivre…

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