« Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n’amassent rien dans des greniers ; et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? »
Evangile de Jésus-Christ selon Saint-Mathieu, chapitre 6, verset 26« J’enseigne aux hommes un vouloir nouveau : vouloir consciemment la route que l’homme a parcourue en aveugle, le juger bonne et ne plus s’en écarter furtivement, comme font les malades et les moribonds. »
Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche«Jadis, le fait de croire que les hommes de couleur étaient vraiment des hommes et devaient être traités humainement passait pour une folie. Aujourd’hui, on considère comme exagéré de prétendre qu’un des devoirs imposés par l’éthique rationnelle est de respecter ce qui vit, même dans ses formes inférieures. Mais un jour, on s’étonnera qu’il ait fallu autant de temps à l’humanité pour admettre que des déprédations insouciantes causées à ce qui vit sont incompatibles avec l’éthique.»
Albert Schweitzer (1875 – 1965), médecin et philosophe alsacien, lauréat du prix Nobel de la paix en 1952
Lorsque je revins du périple ligérien, je lus instamment le livre de Bernard Clavière qui me fit l’effet d’un électrochoc.
Sur un coup de tête comme je sais en avoir, j’expurgeai définitivement de mes placards tous les aliments d’origine animale (viande, poisson, produits laitiers, œufs), les céréales et les légumineuses et, bien sûr, le sucre raffiné ; tous brusquement et irrévocablement tombés en disgrâce.
Selon ce nouveau paradigme que je souhaitais incarné, seuls demeuraient à ma disposition : fruits, légumes, oléagineux et les graines germées, qu’en outre, je décidai de manger exclusivement crus.
C’est ce que l’on appelle l’alimentation végétale et vivante car rien n’est cuit et tout est d’origine végétale.
Les drôles de gens qui se nourrissent de cette manière, que l’on nomme parfois « rawvegan », mènent une vie simplifiée : plus rien à cuire et très peu d’emballages à gérer.
La logique qui sous-tendait cette révolution était assez simple et prenait ses origines très loin, aux origines de l’humanité, avant que de regrettables siècles en traditions culinaires n’anéantissent notre connaissance instinctive des lois du vivant.
A l’aube de l’humanité
Souvenons-nous :
L’histoire évolutive de l’être humain est encore loin d’être totalement établie mais le plus vieux fossile retrouvé du genre Homo remonte à 2,8 millions d’années avec Homo habilis, qui doit son nom à son habileté à manier et créer ses propres outils.
Quant à l’humain moderne, Homo sapiens, il serait apparu il y a 200 000 ans.
Nous faisons partie de la grande famille des hominidés, apparue il y a 7 millions d’années, qui regroupe les espèces animales telles que les bonobos, les chimpanzés, les gorilles et les orangs-outangs sans parler de toutes les espèces éteintes dont Neandertal.
À l’exclusion de l’humain, tous les membres de notre famille ont conservé un régime alimentaire basé sur les fruits, les végétaux et les graines (entre 95 et 99%) avec une consommation marginale d’insectes et de petits animaux (entre 1 et 5%).
Ce qui ne les empêche pas, soit dit en passant, d’avoir des canines autrement plus développées que les nôtres.
L’humanité en devenir, avant l’avènement d’Homo habilis, était donc crudivoriste (qui ne mange que des aliments crus) et consommait presque exclusivement des fruits, des tubercules, des jeunes pousses et des feuilles.
Puis, il y a environ 2,5 millions d’années, la proportion de la part carnée dans notre régime alimentaire a progressivement augmenté, ce qui fait dire à certains que le régime paléolithique, faisant la part belle à la viande, est le régime idéal de l’humain contemporain.
Cette capacité acquise au cours de l’évolution à digérer davantage de viande que ne l’autorisait initialement leur constitution a été déterminante dans l’apparition de l’humain moderne et son émancipation à toute la planète.
Concomitamment à cette modification de ses habitudes alimentaires, les premiers humains développèrent des armes pour chasser et devinrent des coureurs hors pair (voir « L’histoire du corps humain » de Lieberman).
Il y a 600 000 ans, une nouvelle corde à leur arc vint s’ajouter aux techniques ancestrales avec la domestication du feu (certaines estimations évaluent cette domestication à 1,7 million d’années) et la cuisson, en particulier des végétaux.
Contrairement à une idée reçu, la cuisson de la viande n’était pas primordiale, comme en témoignaient, récemment encore, les Inuits (ou esquimaux), qui consommaient de la viande crue. Plus riche en vitamines que la viande cuite, ce crudivorisme était indispensable pour survivre près du cercle polaire, là où 80 à 90% de l’alimentation était carnée.
En revanche, la cuisson des feuilles, racines et tubercules facilitait leur digestion et autorisait une grande consommation de végétaux d’où l’on tirait un maximum de glucose (les fibres solubles se transforment en sucres quand on les chauffe), ce carburant indispensable au cerveau.
Dans notre monde moderne, la diminution de nos besoins caloriques ainsi que la sélection de nombreux cultivars (fruits et légumes) tendres et d’une richesse en sucre incomparable avec la flore sauvage du Paléolithique rend inappropriée la cuisson des aliments car celle-ci diminue, entre autres inconvénients, la biodisponibilité des micronutriments.
De cueilleur à cueilleur-chasseur
Nous avions dès lors les moyens de quitter les tropiques et partir à la conquête de notre belle planète. Pour cela, il nous était indispensable d’assurer un approvisionnement suffisant en viande, la seule nourriture disponible en toute saison sous toutes les latitudes.
L’humain se distingua alors nettement des autres hominidés, il devint nomade et chasseur-cueilleur.
De l’équateur au cercle arctique, la part de l’alimentation carnée passait d’un quart à la quasi totalité, un gradient latitudinal encore marqué de nos jours.
La chasse, par les capacités de coopération, d’analyse et d’abstraction qu’elle exige, a été un catalyseur déterminant de l’intelligence.
La bipédie, l’utilisation des outils et la chasse ont favorisé le développement du cerveau de la lignée humaine, à la fois en stimulant nos capacités cognitives, la coopération et en induisant un apport accru en nourriture. Le cerveau, qui carbure carbure exclusivement au glucose, est en effet l’organe qui consomme le plus d’énergie (un cinquième du métabolisme quotidien chez un adulte).
La colonisation de l’Europe par Homo sapiens qui s’est faite tardivement, il y a seulement 40 000 ans en plein âge glacière, est révélateur de la résistance et l’intelligence de nos lointains ancêtres qui avaient d’ailleurs un cerveau plus volumineux que le nôtre. Le cerveau de l’humain moderne est en effet de 15 à 20% plus petit que celui de Cro-Magnon vivant il y a 30 000 ans.
Mettez vous cinq minutes à leur place, pas plus car vous succomberiez, et essayez d’imaginer leur vie en Europe en pleine glaciation avec des techniques rudimentaires, les risques liés à la chasse et aucun centre de secours.
Selon des études récentes et controversées portant sur l’étude des populations indigènes contemporaines, l’espérance de vie de nos ancêtres du Paléolithique aurait été de 50 voire 60 ans !
C’est sans aucun doute à la suite de cette rude sélection naturelle que nous héritons encore de nos jours d’un corps d’une formidable solidité et adaptabilité.
Que l’humain du Paléolithique ait une espérance de vie « respectable » n’est pas, pour ma part, une révélation.
Considérez, en effet, un animal sauvage dans son écosystème d’origine, stable et sans pollution, pensez-vous sérieusement pouvoir augmenter son espérance de vie par la science médicale et le confort ?
Que dans de très rares cas (une blessure ou prolonger la fin de vie) et le mieux que vous puissiez faire serait de le laisser en paix.
Dès lors, pourquoi s’étonner que nos ancêtres aient été de solides gaillards pouvant vivre jusqu’à un âge avancé ?
De cueilleur-chasseur à agriculteur
Le Paléolithique, qui a débuté il y a environ 2,5 millions d’années s’est terminé il y a 12 000 ans de conserve avec la glaciation, période charnière qui correspond à l’apparition progressive (mais non systématique) de l’agriculture et de l’inhérente sédentarisation.
S’étendait alors l’âge du Néolithique marqué par l’agrotropisme.
C’est probablement à ce moment là que les choses se sont compliquées pour nous, si tant est qu’elles aient été simples auparavant…
Aucun spécialiste ne sait de façon définitive pourquoi l’agriculture s’est mise en place alors qu’elle impliquait un surcroît de travail par rapport à une subsistance basée sur la chasse et la cueillette.
Cette nouvelle forme d’organisation a peut-être vu le jour spontanément lorsque la population au sein de la tribu nomade atteignait un seuil critique qui exigeait une nouvelle organisation sociale alors même que les techniques de germination, bouturage et d’élevage étaient suffisamment maîtrisées (sans doute déjà depuis plusieurs milliers d’années) pour amorcer la sédentarisation.
Cette mutation de notre mode de vie s’est accompagné, ipso facto, d’un nouveau régime alimentaire.
L’humain s’est mis à consommer des céréales et légumineuses cuites en quantité ainsi que des produits laitiers, fait unique dans le règne animal.
Cette modification du régime alimentaire s’est opérée trop rapidement à l’aune des mutations génétiques pour que nous nous y adaptions pleinement. En terme d’évolution, que sont-ce 10 000 ans à l’égard de 4 millions d’années de régime végétalien crudivore flexitarien suivis de 3 millions d’années de régime paléo ? Ramené à l’existence d’un être humain vivant 100 ans, cela représente 45 jours de sa vie. Un peu juste pour s’adapter…
Adieu au jardin d’Eden
En revanche, l’agriculture et la sédentarisation dédouana une partie de la population des activités directement liés à la subsistance qui jusque-là accaparaient tous les individus. Germaient alors les activités artisanales, politiques, guerrières et marchandes, tous les attributs de la civilisation autrefois à l’état d’embryon chez les nomades. L’humanité qui se civilisait a alors fait connaissance avec les épidémies (l’hygiène restait à découvrir), les famines (pas de supermarché ni d’aide international à l’époque quand le potager faisait chou blanc), les inégalités (apparition des richesses et hiérarchisation sociale) et les guerres (la classe guerrière fit son apparition pour protéger ses richesses des intrusions étrangères).
À cela s’ajoute, comme précédemment évoqué, un régime alimentaire inadapté (lire cet article cernant la problématique autour des féculents) si bien que l’espérance de vie à cette époque chuta fortement en dépit des progrès techniques et des savoirs toujours plus élaborés.
La santé obéit aux lois du vivant et n’a cure de nos inventions. C’était peut-être le prix à payer pour que la civilisation développasse ce dont nous sommes fiers aujourd’hui : l’art et la science, ses deux réussites.
Même si la science et la technologie ont fait d’importants dégâts à notre environnement, il n’y a rien, je pense, à regretter. La civilisation occidentale a tout misé sur l’intelligence limitée du mental, sans conscience, jusqu’à l’absurde. Mais seule l’intelligence de la vie, qui habite tout être vivant, peut nous ramener vers l’équilibre, la santé et l’amour. Une tâche que le cerveau, aussi performant soit-il, est incapable de faire. Une science sans conscience n’est que ruine de l’âme comme l’écrivait Rabelais…
L’humanité était de toute évidence poussée irrésistiblement par les forces supérieures de l’évolution.
Lorsque l’on observe avec quelle rapidité les dernières tribus de chasseurs-cueilleurs, qui vivaient confortablement et en paix, ont abandonné leur mode de vie pour se dissoudre dans le modernisme, on ne peut que se convaincre qu’il s’agit là d’un passage obligé pour l’humain.
Nous avons suffisamment regardé le passé, tâchons maintenant de pressentir l’avenir, de décoder les lois en vigueur pour ne pas les subir.
Depuis peu, avec l’apparition de la mal bouffe et la mécanisation systématique entraînant une réduction de l’activité physique, l’humanité connaît un écart jamais atteint entre ses besoins liés à sa constitution biologique héritée de l’évolution et son quotidien moderne en bonne partie coupé de la nature.
Si bien qu’aujourd’hui, nous ingurgitons (parfois sans le réaliser) des denrées qui ne ressemblent en rien à de la nourriture, de surcroît, dans des proportions largement surévaluées par rapport à nos besoins énergétiques à la baisse.
Vers un retour à nos origines ?
Une des solutions simple et gratuite, qui résout bon nombre des maux de notre société, consiste en un changement de nos habitudes alimentaires sur la base d’une prise de conscience individuelle. L’humanité est à l’aube d’une évolution qui la mènera vers un Homo d’un autre genre. Comme par le passé, cela passera par un changement du régime alimentaire et une évolution des aires cérébrales de notre cerveau.
Les scandales sanitaires, la pollution ayant pénétré toute la chaîne alimentaire même dans les endroits reculés de la planète, les allergies, les cancers et autres maladies en constante progression que la science ne parvient pas à endiguer, sans parler des nouvelles générations intolérantes à moult substances, tout cela concourt à ce que l’humanité s’interroge sur le contenu de son assiette et regarde en pleine conscience les conséquences sanitaires de la nourriture qu’elle consomme.
Les connaissances anthropologiques montrent sans équivoque qu’une alimentation essentiellement crudivore avec occasionnellement des produits d’origine animale est adaptée à notre biologie. En tout cas, des millions d’individus s’alimentent de cette manière à travers le monde et les époques, prouvant à tous que c’est possible même s’il y a des écueils.
Quelques exemples : chez les sportifs (Carl Lewis, Scott Jurek, Serena Williams…), chez les artistes (Natalie Portman, James Cameron, Avril Lavigne…), chez les politiciens (Gandhi, Bill Clinton), chez les intellectuels (Léon Tolstoi, Thomas Lepeltier), chez les scientifiques (Jane Goodall, Matthieu Ricard), chez les entrepreneurs (Steve Jobs), et enfin, chez les médecins et nutritionnistes (Dr Jérôme Bernard-Pellet, Dr Caldwell Asselestyn, Dr William Roberts…).
L’humain est à un nouveau tournant de son histoire, les bases d’une nouvelle civilisation portée sur l’amour et la co-création s’établissent, dont l’enjeu est notre survie. Il est temps de redonner ses lettres de noblesse à la coopération, la compassion et l’altruisme, en l’élargissant à toute la sphère du vivant, et en ayant bien à l’esprit que nous sommes tous dans le même bateau.
L’alimentation végétale et vivante n’est qu’une composante de ce nouveau paradigme.
C’est un sujet passionnant et complexe aux questions sans fin.
Comme la mise en application de cette alimentation lorsque l’on vit aux hautes latitudes et que l’accès aux fruits et légumes est difficile et nécessite un transport coûteux et polluant. En attendant, le transport de fruits et légumes par bateau ou camion a un coût environnemental moins prononcé que la production de viande, même si elle provient du pré d’à côté !
Ce nouveau paradigme représente nul sacrifice pour l’humain, au contraire, c’est l’opportunité de déposer ce qui ne nous convient plus et de s’ouvrir à une nouvelle ère exaltante, celle du Verseau…
4 Responses
Merci pour toutes ces infos.
Je suis végétarien depuis 15 ans. Je me porte d’ailleurs très bien : je ne suis pas aller voir un médecin depuis plus de 10 ans…
Il y a une chose qui me « gêne » dans le crudivorisme : manger tout le temps froid, même en hiver.
Je comprends bien qu’un aliment est bien plus riche et vivant lorsqu’il est cru, mais qu’en est-il du chaud et du froid. Autant en été, j’adore manger cru; par contre, en hiver, mon corps réclame de la chaleur : une bonne soupe de légumes… Si je fais un repas de crudités et que je bois de l’eau froide en hiver, mon corps se refroidit immédiatement, mon nez peut se mettre à couler, mes mains sont froides… avec l’eau froide, je peux sentir ma gorge s’irriter. Du coup, je balance en mangeant et buvant du chaud. et ça marche. Je réchauffe mon corps, du coup, je ne tombe pas malade.
Quelle est votre experience à ce sujet ? Le froid dans le corps (qu’il soit créé par le stress, les ondes électromagnétiques, l’alimentation…) n’est-il pas selon vous une cause essentielle de la maladie ?
Bonjour, Ce sont les résidus de digestion des féculents cuits qui s’agglomère en colle dans l’organisme qui sont responsables des états de frilosité. Ce n’est pas un état normal. Après quelques années d’alimentation vivant et de purges le besoin ou l’envie de manger chaud disparait. De toute manière, manger vivant et chaud n’est pas incompatible du moment que la température n’excède pas 42°C, température à partir de la quelle les enzymes et les vitamines commencent à se dégrader. Tant que l’on aura une approche pasteurienne de la maladie on en pensera à l’envers. Une maladie (exceptions faites des maladies dégénératives et génétiques) sont des crises d’éliminations et sont salutaires puisqu’elles nettoient le corps. C’est l’une des vertus du froid que de déclencher des crises d’élimination, voilà pourquoi l’on dit que le froid rend malade.
Merci pour cet article
Je suis tombé sur cette vidéo d’un Docteur, psychiatre, qui semble être plutôt pour un régime carnivore. Je vous laisse juger par vous-même.
https://youtu.be/HEoeF6fMgYg?si=Tel89IiFRgIfRjfy
Si vous avez cinq petites secondes pour ensuite me dire ce que vous en pensez par mail. Merci d’avance.
Bonjour Jérémy, j’ai répondu à cette question dans un article que j’ai nommé “Alimentation Vivante VS régime céto-carné”. Bonne lecture !