De prime abord, il peut sembler saugrenu, stupide voire masochiste de s’exposer volontairement aux 3 F (Froid, Faim, Fatigue) alors que l’humanité a passé le plus clair de son temps à s’en prémunir. En tout cas, force est de constater que si la technologie nous permet aujourd’hui de vivre sans nous “frotter” aux 3 F, cela n’est pas un gage de santé. Ce serait plutôt le contraire, comme nous l’explique Daniel Liberman, professeur de biologie humaine évolutive à Harvard, dans son best-seller : L’histoire du corps humain.
L’inadéquation croissante entre notre génétique et notre mode de vie
Avec l’accélération de l’innovation, surtout depuis l’apparition de l’agriculture, nous avons élaboré ou adopté une liste toujours plus longue de pratiques culturelles nouvelles qui ont eu des effets contradictoires sur notre corps. D’un côté, de nombreux développements relativement récents ont été bénéfiques : l’agriculture a augmenté les ressources alimentaires ; l’assainissement, les systèmes sanitaires modernes et la médecine scientifique ont abaissé la mortalité infantile et augmenté la longévité. D’un autre côté, de nombreux changements culturels ont modifié les interactions entre nos gènes et notre environnement, tant et si bien qu’ils ont contribué à une large gamme de problèmes de santé. Ces pathologies sont des maladies de l’inadéquation, définies commes des maladies résultant du fait que notre corps paléolithique est médiocrement ou insuffisamment adapté à certains comportements et conditions modernes.
Que ce soit la sédentarité, le confort de nos maisons, le manque d’activité physique ou encore notre alimentation dénaturée, l’humanité connaît un écart jamais atteint entre sa nature biologique héritée de l’évolution et son quotidien artificiel pourvoyeur de dysfonctionnements tant physiques que psychologiques.
Les maladies de l’inadéquation présumées sont : la maladie d’Alzheimer, les cancers, les caries dentaires, la dépression, le diabète, la fibromyalgie, l’hypertension, la maladie de Crohn, l’insomnie, la lombalgie, la myopie, l’ostéoporose, les pieds plats, la psychonévrose, la sclérose en plaque, le syndrome du canal carpien, et bien d’autres.
Un bon stress est nécessaire
Pour se construire et rester en bonne santé, le corps humain a besoin d’être en interaction avec son environnement sous peine de dépérir. Car il est un principe universel d’économie d’énergie : tout ce qui n’est pas utilisé se dégrade ou disparaît. D’où l’intérêt de se soumettre à des stimulus qui renforcent nos capacités adaptatives innées, c’est le principe de l’hormèse.
« La capacité des corps à ajuster leurs caractéristiques observables (leur phénotype) en réaction aux contraintes environnementales est dénommée plasticité phénotypique. Tous les organismes ont besoin de la plasticité phénotypique pour fonctionner, et plus les biologistes étendent leurs recherches, plus ils en découvrent de nouveaux exemples. […] Compter sur ces interactions avec l’environnement a cependant des inconvénients qui conduisent potentiellement à des inadéquations quand les signaux environnementaux critiques sont absents, atténués ou aberrants. » Daniel Lieberman dans « L’histoire du corps humain »
Les phénomènes d’adaptation à la Fatigue, à la Faim et au Froid ont forgé notre biologie au cours de plusieurs millions d’années, tant et si bien qu’ils sont devenus les garants de notre bonne santé physique et mentale. C’est pourquoi, il est important de recréer artificiellement ces stress dans notre quotidien afin d’être en phase avec nos besoins biologiques qui ne sont plus satisfaits naturellement dans notre environnement moderne.
« En résumé, nous avons vraiment évolué pour utiliser certains traits, sous peine de les perdre. Comme le corps humain n’est pas un produit de l’ingénierie mais croît et évolue, votre corps prévoit et même exige certaines contraintes pendant votre croissance afin de se développer correctement. […] Des interactions tout aussi importantes caractérisent d’autres systèmes qui interagissent activement avec le monde extérieur, tels que votre système immunitaire et les organes qui vous aident, par exemple, à digérer les aliments ou à conserver une température corporelle stable. » Daniel Lieberman dans « L’histoire du corps humain »
Vers un changement des moeurs
Grâce, notamment, à Pierre de Coubertin, l’activité sportive est rentrée dans le système scolaire et plus généralement dans les mœurs. Personne ne remet maintenant en cause les bénéfices, ni même le plaisir que l’on peut en tirer. Or, il n’y a rien de naturel, par exemple, à partir faire un tour en courant. Ce qui est naturel c’est de se reposer autant que possible quand on en a la possibilité. Mais notre société reconnaît maintenant la nécessité de se fatiguer volontairement dans un milieu où les occasions de se dépenser physiquement sont rares. Cette prise de conscience se fera aussi avec la Faim et le Froid, ce n’est qu’une question de temps…
Au-delà de ces considérations terre à terre, ce que je trouve beau dans les 3 F, c’est que des éléments a priori hostiles comme le froid, la faim ou la fatigue puissent avoir autant d’effets positifs sur notre santé et notre bien-être. Ce changement de paradigme se produit lorsque l’on prend le temps d’écouter son corps et de ressentir. Il y a là, je crois, un message spirituel : La vie est tellement bien faite que même le froid, la faim et la fatigue nous veulent du bien…
N’oubliez pas que la seule chose que nous puissions perdre sont nos illusions. Ce sont elles qui nous font souffrir et non les vicissitudes…
4 types d’expositions hormétiques
L’hormèse par l’activité physique
L’hormèse par l’activité physique consiste à exposer le corps à différentes formes de stress en pratiquant des exercices de contre résistance, des exercices brefs mais intenses, ou des efforts intermittents. Ils occasionnent : stress thermique, stress métabolique, stress hypoxique, stress mécanique et oxydatif.
Le but ici est de solliciter l’organisme de manière à augmenter le niveau du stress oxydant dans le muscle. Un stress contre lequel on lutte généralement pour retarder le vieillissement, mais qui est vital pour l’adaptation musculaire lors de l’exercice.
Pour en savoir plus : Lisez cet article sur les bienfaits de l’hormèse par l’activité physique.
L’hormèse par le froid
Elle a pour but de favoriser la résistance du corps au stress provoqué par le froid. Ceci afin de ne plus subir cet élément comme un ennemi, autant physiquement que mentalement, mais le percevoir et l’utiliser comme un véritable allié de la santé.
Le stimulus consiste à exposer son corps à un milieu froid (eau ou air généralement), voire glacé, afin de provoquer une baisse marquée (mais dans les possibilités physiologiques et hors hypothermie sévère) de la température corporelle. En réponse, l’organisme en situation de stress va développer un ensemble de réactions d’adaptations physiologiques afin de maintenir une température interne adéquate.
Une exposition régulière au froid apporte d’ailleurs de nombreux avantages pour la santé notamment une meilleure résistance au froid, la perte de poids, l’optimisation du système immunitaire, l’endurance et la vitesse de récupération, la vitalité, la résistance au stress, la prévention de certaines pathologies telles que le diabète, la dépression, etc.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, s’exposer au froid permet de mieux supporter la chaleur. En effet, l’exposition au froid améliore la circulation sanguine ainsi que la vasodilatation des vaisseaux sanguins. Le corps est ainsi plus à même d’évacuer efficacement la chaleur excédentaire.
Pour en savoir plus : Lisez cet article sur les bienfaits de l’hormèse par le froid.
L’hormèse par le chaud
L’hormèse par le chaud va solliciter la capacité du corps à supporter des températures de loin plus élevées que la moyenne de 37° C. A la différence des bains glacés, le but est ici d’exposer le corps à un milieu ayant un niveau élevé de chaleur afin de provoquer une augmentation intense de la température corporelle. Ce stimulus va naturellement entraîner :
- La diminution de la thermogenèse et du métabolisme.
- La vasodilatation au niveau des bras, des jambes et de la peau.
- La vasoconstriction au niveau du noyau afin de diriger le sang vers les zones extérieures et évacuer la chaleur.
- La baisse du rythme cardiaque et l’augmentation du nombre de plasma pour favoriser l’envoi du sang vers les extrémités.
- La sollicitation des glandes sudoripares qui va favoriser la transpiration, soit l’évacuation de la chaleur par évaporation.
L’hormèse par le chaud apporte aussi différents bienfaits sur la santé : résistance à la chaleur, stimulation des hormones de croissance, augmentation et protection de la masse musculaire, élimination des toxines dans l’organisme, diminution du stress, prévention de certaines maladies telles que la fatigue, la dépression ou le diabète de type 2.
L’hormèse par le jeûne
L’hormèse par le jeûne consiste en une restriction calorique provoquant un stress biologique important entraînant la transformation des cellules graisseuses en corps cétoniques.
Le jeûne est un moyen de guérison universel reconnu depuis des millénaires mais tombé dans l’oubli, tout comme ses bienfaits :
- Nettoyage de lymphe.
- Élimination des toxines.
- Renouvellement cellulaire et autolyse (destruction des cellules vieilles, dysfonctionnelles ou endommagées).
- Réparation et restructuration de l’ADN.
- Prévention du vieillissement par la sécrétion d’enzymes qui diminuent le stress oxydant.
Sur un plan émotionnel, ce qui est refoulé remonte en partie à la surface comme les toxines du corps. Sur un plan mental, les conditionnements mentaux ont moins de prise ce qui permet de mieux accéder au Soi. Et sur un plan spirituel, les intuitions sont plus fortes et plus claires, ce qui aide à prendre conscience d’un besoin, de prendre certaines orientations pour l’avenir ou de faire des choix importants.
Pour en savoir plus : Lisez cet article sur les bienfaits de l’hormèse par le jeûne.