Véganisme, quel impact sur l’environnement ?

Lors des conversations avec le public en stage ou avec les personnes qui me contactent via Internet, j’ai remarqué que de nombreuses personnes considèrent qu’une alimentation omnivore mais locale est plus respectueuse de l’environnement que l’alimentation vivante (végétale crue) qui, souvent, fait la part belle aux fruits et légumes importés hors de nos contrées. Voilà l’objet de cet article : déterminer, avec des sources fiables, l’empreinte écologique de ces deux types d’alimentation, omnivore locavore VS crudivore végétalien, et de déterminer si elles sont compatibles avec un avenir « durable » pour notre espèce.

L’un des principes de l’alimentation vivante, c’est d’écouter ses envies tant qu’elles nous guident vers des végétaux crus.  Car le corps humain sait identifier (dans le cas de végétaux crus uniquement) la teneur en nutriment de ce qu’on lui donne, il peut alors nous guider vers les fruits et les légumes qui vont nous soigner, combler nos carences, ou plus simplement nous nourrir au mieux. En écoutant son instinct, il est compliqué (pour l’instant, comme vous le verrez en fin de cet article) pour un crudivore végétalien d’être aussi locavore sous nos latitudes (je parle pour le centre de la France et ceux plus au nord). C’est pour cette raison que le crudivore peut être consommateur de bananes, dattes, mangues, avocats, ananas, gingembre, curcuma, noix de cajou, noix du brésil, etc, pour une part non négligeable de ses menus. Surtout au début quand il a des carences à combler, puis cette consommation de fruits exotiques diminue.

Comme je l’ai déjà expliqué dans les articles « Pourquoi j’ai changé d’alimentation ? », « Manger vivant ? » et « Les purges, la clef de voûte », mon opinion, appuyée par l’expérience, est que l’alimentation la mieux adaptée à l’humain est l’alimentation à dominante végétale et vivante (càd végétale crue)

Si ce point de vue vous paraît en contradiction avec le fait que nombre de centenaires ont mangé « de tout » durant leur vie, alors je vous suggère de lire cet autre article : « C’est quoi l’hygiénisme ? », et vous constaterez alors que le paramètre « alimentation », même s’il est important, n’est pas le seul. En effet, une vie au grand air pur, sans stress, avec des périodes de jeûnes ou de restrictions (guerre ou mauvaise récolte) et avec de l’activité physique épargnent bien des maladies. La vie de tous ces centenaires n’est donc pas du tout en contradiction avec les principes de l’alimentation vivante. Et puis, qui vous dit que dans des conditions optimales sur tous les plans nous ne vivrions pas 140 ans ?

Mais revenons à nos moutons et, en dépit de ces considérations, contentons-nous, dans un premier temps, de calculer le bilan GES (Gaz à Effets de Serre, parfois noté CO2e pour « gaz carbonique et équivalents ») d’un omnivore locavore VS un crudivore végétalien.

Selon l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise des énergies, lire l’article Wikipédia, le fait qu’elle soit placée sous la tutelle d’un ministère garantit qu’il n’y a pas de partie pris pour les véganes !), un omnivore consommant uniquement des produits naturels dans un rayon de 200 km autour de lui émet pour :

  1. un repas avec du boeuf : 6290 g de CO2e (voir annexe 1)
  2. un repas avec de la volaille : 1350 g de CO2e (voir annexe 2)
  3. un repas végétarien : 510 g de CO2e (voir annexe 3)

Toujours selon cette agence, le bilan GES moyen de l’alimentation est actuellement de 4,5 kg de CO2e par jour et par personne. Les recommandations officielles préconisent une alimentation plus sobre, raisonnable et locale (moins de 200 km) appelée « flexitarienne » (-31% de viande, -40% de poissons sauvages, -69% de produits industriels transformés, -46% de farines raffinées, +95% de légumes, céréales et légumineuses) on obtiendrait un bilan de 2,8 kg de CO2e par jour et par personne. C’est donc ce que l’on peut obtenir en mieux d’un régime omnivore en terme de bilan GES.

Annexe 4, source : ADEM

Quant aux « décroissants » qui objecteraient que l’on peut vivre à l’ancienne : se nourrir de céréales, légumineuses (à ce sujet, lire l’article cernant la problématique des féculents) et de ses volailles, sachez que selon le film documentaire Cowspiracy et plusieurs études indépendantes réalisées par des spécialistes de l’agroécologie et de la permaculture (lire étude), aboutissent peu ou prou à la même conclusion (que tous ceux qui ont déjà essayés de vivre en autarcie approuveront) : Il faut en moyenne 700m2 pour nourrir un végane contre 3500m2 pour un omnivore qui ne consommerait que peu de produits d’origine animale, soit 5 fois plus d’espace. Il ne faut pas non plus perdre de vue que ces espaces supplémentaires requis pour l’omnivore sont déboisés pour permettre le pâturage ou semer des céréales sur des sols dévitalisés par le laboure, la monoculture, les engrais et les pesticides. Une source de pollution qui vient s’ajouter à celle des GES.

Une première conclusion s’impose au sujet du bilan des GES (par jour et par personne) en lien avec l’alimentation seule :

  1. Actuellement, un Français lambda émet 4,5 kg de CO2e.
  2. Un Français locavore flexitarien (soucieux de sa santé, de la planète mais omnivore) et ne consommant que des aliments produits dans une rayon de 200 km autour de lui émet 2,8 kg de CO2e (voir annexe 4).
  3. Un individu (s’il existe) omnivore qui vivrait en autarcie avec une production bio et ne consommant que très peu de produits d’origine animale serait responsable d’une part négligeable d’émission de GES mais aurait besoin d’au moins 3500 m2 de terrain.

Faisons maintenant le bilan pour un crudivore végétalien :

D’après le logiciel développé par éco2 initiative en collaboration avec l’ADEME, un crudivore qui consommerait le menu type suivant (2050 Kcal) dans sa journée :

  • 200g d’avocat hors Europe
  • 200g de carottes locales (- de 200 km)
  • 40g de noix de cajou hors Europe
  • 50g d’olives d’Europe et Méditerranée
  • 50g de légumes hors Europe
  • 60g d’amandes Europe et Méditerranée
  • 250g de bananes hors Europe
  • 500g de pommes locales
  • 300g de fruits hors Europe
  • 25g d’huile d’olive de France

serait responsable d’une émission de 1,9 kg de CO2e par jour, soit 1,1 kg de moins qu’un Français flexitarien (cumulé sur une année la différence équivaut à un vol Paris-New-York) et 2,6 kg de moins qu’un Français omnivore lambda (cumulé sur une année la différence équivaut à 2,5 vols Paris-New-York).
Une nuance toutefois, si les fruits et légumes exotiques sont importés par avion d’une longue distance (genre 10 000 km, on reconnait cette marchandise à son prix très élevée), d’après l’annexe 5, il en coûte 6 kg de CO2e par kilo d’aliments contre seulement 140g de CO2e si ces mêmes aliments arrivent par bateau. Un crudivore végétalien qui consommerait des fruits et légumes importés par avion a donc vite fait de ruiner son bilan de CO2e qui devient équivalent ou supérieur à celui d’un omnivore lambda. Moralité : tout effort alimentaire pour réduire vos émissions de GES sont vite anéantis si vous utilisez l’avion.

Enfin, un paramètre non négligeable est à prendre en compte car tous les calculs précédents ont pris pour référence une consommation d’environ 2000 Kcal par jour et par personne. Or, la nourriture « traditionnelle » avec céréales, sucres, viande et produits laitiers est addictive et l’épidémie d’obésité observable en France (comme ailleurs) montre que les omnivores, en moyenne, ne se contentent pas de seulement 2000 Kcal par jour. Inversement, lorsque l’on transitionne vers l’alimentation vivante, on réalise que l’on divise par 1,5 voire 2 ses besoins caloriques à dépense physique égale (ceci pour plusieurs raisons : meilleure assimilation, digestion optimisée et les cellules du corps baignant dans un milieu plus sain ont une durée de vie plus longue).
En tenant compte de cette correction, on en déduit qu’un crudivore végétalien évitant de consommer des produits importés par avion émet en moyenne 1,2 kg de CO2e par jour, soit beaucoup moins que n’importe qui, exceptées les personnes qui vivent en autarcie.

Une deuxième conclusion s’impose :

  1. Un crudivore végétalien pas regardant de la provenance de son panier n’émet pas plus de GES que le Français lambda.
  2. Un crudivore végétalien qui a réduit ses besoins caloriques mais qui est soucieux de manger selon ses envies tout en gardant un oeil sur la provenance de son panier émet moins de GES que n’importe qui, exceptée une personne vivant en autarcie ou cultivant elle-même une part importante de sa nourriture.

Cette conclusion n’est pas surprenante pour quiconque observe à la campagne le trafic lié à l’élevage. D’ailleurs, selon le documentaire Cowspiracy et selon l’institut Worldwatch (lire l’article de l’Indépendant) : la production bovine produit plus de GES que tous les transports réunis et l’élevage serait, selon les nouvelles estimations, responsable non pas de 18% des GES à l’échelle planétaire mais de 51%.

Comme nous allons le voir dans la suite de cet article, les GES qui seraient responsables, en partie, de la hausse des températures moyennes sur notre planète doivent-ils vraiment retenir toute notre attention ? Même si nous modifions la concentration de certains gaz de l’atmosphère, nous ne pouvons passer au second plan les dommages causés par les cultures de céréales dédiées à l’élevage (érosion des sols, utilisation d’engrais et pesticides) et les pâturages (pollution des sols et de l’eau) entraînant déforestation et perte de la biodiversité.

Explications. Toujours selon le documentaire Cowspiracy, selon l’institut Worldwatch et selon diverses sources chaque jour plus nombreuses, il apparait que :

  • 45% des terres utilisées par l’humain sont réservées à l’élevage.
  • 91% de la déforestation de la forêt amazonienne est en rapport avec l’élevage.
  • 53% de l’eau douce prélevée dans l’environnement est utilisée pour l’élevage contre 5% pour notre propre consommation.
  • L’élevage est responsable de zones mortes dans l’océan mettant en péril de vastes espaces côtiers (lire l’article).

 

Poursuivons avec les chiffres de l’absurdité (de la folie ?) :

  • Seuls 4% des mammifères sur Terre sont sauvages, tous les autres sont des animaux d’élevage (lire l’article).
  • Il y a 70 milliards d’animaux de ferme.
  • À elles seules, les vaches consomment 62 millions de tonnes de céréales par jour contre 9,5 millions pour les humains. 3 kg de céréales sont utilisés pour produire 1 kg de produit animal et chaque kilo de produit animal contient la moitié des calories contenues dans 1kg de céréales…
  • Les déjections bovines qui représentent 130 fois celles de tous les humains sont épandues dans la nature sans fosse sceptique et sont responsables de très nombreuses et graves sources de pollution (lire l’article de Greenpeace).
  • 60 milliards d’animaux terrestres et 1000 milliards d’animaux marins sont tués par an pour notre consommation. (source : Matthieu Ricard, Plaidoyer pour les animaux).

 

En résumé, un végane épargne :

  • 1,8 tonnes de CO2e par an (s’il ne consomme pas d’aliments importés par avion)
  • 4160 litres d’eau par jour
  • 20 kilos de céréales  (produites à grand renfort d’engrais et de pesticides) par jour
  • 2,8 m2 de forêts par jour
  • 1 vie animale par jour
  • sa vie de bien des maladies dont les thérapies polluent un peu plus notre environnement
  • à notre planète bien des sources de pollutions beaucoup plus graves que les GES…

Pour conclure cet article et histoire d’enfoncer le clou, voyons quand même les arguments avancés contre le véganisme :

  1. Les arbres pour produire des fruits, eux aussi consomment beaucoup d’eau ! Ils consommeraient même plusieurs centaines de litres d’eau par jour quand il fait chaud !
    C’est oublier un peu vite tous les bienfaits qu’apportent les arbres. Citons-en quelques-uns : ils empêchent l’érosion des sols et retiennent la quasi totalité des eaux de pluie (les sols forestiers forment un gigantesque réservoir), ils favorisent la formation des nuages (sans eux, pas de pluie loin des côtes), ils rafraîchissent le climat (lire l’article), purifie l’air, augmente la biodiversité, enrichissent le sol, produisent de l’oxygène, captent le CO2 et offrent de multiples services. En outre, on a découvert que la moitié de l’eau prélevée par les arbres est relâchée directement dans l’environnement.
    Conclusion : le bilan GES d’un crudivore végétalien pourrait encore être revu à la baisse si on prenait en compte tous les bienfaits qu’apportent les arbres.
    Pour en savoir plus sur les arbres nous vous invitons à lire :
  2. Si nous sommes vraiment frugivores alors pourquoi ne pouvons nous pas nous nourrir avec ce que la nature nous offre localement ?
    Fabrice Desjours dans son livre « Jardins-forêts » nous explique pourquoi la flore en Europe est si pauvre malgré son climat tempéré :

Pour l’auteur, la solution consiste à exploiter la richesse et la diversité mondiale des essences fruitières adaptée à notre climat tempéré qui peut nous apporter toute une gamme de fruits qui permettrait aux crudivores végétalien d’être aussi locavores. Ceci n’est pas qu’une théorie fumeuse (voir annexe 6) mais bien la réalité, comme on peut le vérifier dans des jardins boisés qui existent depuis des décennies en Angleterre, en Belgique, aux Pays-Bas (voir leur site), en Écosse, et aussi en France (voir la forêt gourmande de Châlon-sur-Saône).

En conclusion
Avec bientôt 8 milliards d’humains sur cette Terre, continuer de consommer des produits d’origine animale sans la plus grande retenue relève du suicide individuel et collectif (lire l’article du National Geographic). C’est précisément au moment où notre régime alimentaire dénaturé (qui a eu ses raisons d’être à l’époque) met en péril toute la tribu du vivant que l’Univers met à disposition les fruits de la planète entière sur nos étales, comme pour nous suggérer qu’il est temps d’amorcer un retour collectif vers une alimentation très majoritairement végétale. La vie n’est-elle pas merveilleusement bien faite ? Grâce à l’agroforesterie, nous avons désormais les techniques et les connaissances nécessaires pour établir des jardins-forêts productifs sous nos latitudes (sans doute avec l’aide de quelques serres et du réchauffement climatique) comme nos ancêtres l’avaient déjà fait en Amazonie (lire l’article).  N’est-il pas grand temps de mettre notre intelligence au service de la vie et de redevenir ce que nous avons toujours été : des cueilleurs habitant la forêt ?

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