Lorsque l’on prend conscience des méfaits de la cuisson, en particulier des féculents, comparés aux nombreux avantages de la consommation de végétaux crus, il est légitime de se demander pourquoi les médecines multi millénaires, telles l’ayurveda et la médecine traditionnelle chinoise, préconisent des cures de riz et la consommation de légumes cuits tout en décourageant bien des personnes, en fonction de leur profil, de consommer des fruits et légumes crus.
Je propose ci-dessous quelques pistes de réflexions pour expliquer ce paradoxe apparent…
Aux origines de l’ayurveda et la médecine traditionnelle chinoise
Tout comme l’ancêtre de la médecine allopathique est la médecine hippocratique, l’ancêtre de la médecine ayurvédique est la médecine jaïne, qui prônait déjà le végétal cru, et l’ancêtre de la médecine chinoise est la médecine bigu (mêmes recommandations que la médecine jaïne). Pour preuve, il existe encore en Inde des centres ayurvédiques où l’on préconise la nourriture végétale et cru. Cependant, ces médecines ancestrales ont toutes évolué au fil du temps et elles sont devenues de plus en plus symptômatiques. Ce qui signifie que l’on se soucie davanatge de stopper l’inconfort lié aux symptômes que de remédier à leurs véritables causes.
« Quand quelqu’un désire la santé, il faut d’abord lui demander s’il est prêt à supprimer les causes de sa maladie. Alors seulement est-il possible de l’aider. »
Hippocrate
La médecine chinoise et ayurvédique sont par trop considérées comme la nouvelle bible par les occidentaux avec les travers qu’une foi aveugle peut entraîner. Il y a beaucoup à prendre de ces enseignements mais il y aussi des éléments non négligeables à délaisser. Séparer le bon grain de l’ivraie reste un précepte gage de discernement valable en tout temps. Même si ces médecines sont des systèmes de santé performants, elles demeurent rattachées à un contexte culturel & environnemental donné où l’on mange cuit, notamment des céréales. Pourquoi choisir la culture de céréales plutôt que celle des fruits alors que le rendement des vergers est supérieur à celui d’un champ ? Peut-être, c’est une hypothèse, à des fins économiques, démographiques ou même politiques. En effet, nous sommes largement influencés par ce que nous mangeons. Manger de la viande enclin à la prédation. Manger des céréales enclin à la domestication (comme les tiges de blé bien alignées et toutes de même calibre). C’est pourquoi je suis convaincu que la consommation de féculents cuits favorise, via la présence de déchets colloïdaux (cf l’ article sur les féculents), la soumission des peuples et l’instauration de castes. Une idée que l’on retrouve dans le livre “Zomia ou l’art de ne pas être gouverné” de James C. Scott où l’auteur explique que l’administration chinoise classe en “cru” ceux qui refusent de se soumettre à l’administration chinoise et en “cuit” ceux qui se soumettent à l’autorité…
Pourquoi les médecines traditionnelles doivent évoluer ?
Si, comme il y a plusieurs siècles, nous vivions encore dans un environnement naturel non pollué, sans stress, au contact des éléments et avec une vie active physiquement, alors une alimentation dite “méditerranéenne”, c’est-à-dire essentiellement végétale (mais pas que) serait pleinement satisfaisante. Les zones bleues du monde où vivent des centenaires en bonne santé (de moins en moins nombreux malgré la croissance démographique) en est la preuve. Si nous vivions dans ce même contexte, nous ne poserions pas toutes ces questions sur l’hygiène de vie et l’alimentation idéale. Tout cela coulerait de source et les traditions n’auraient qu’à se répéter pour le plus grand bien de tous.
Seulement, dans notre contexte moderne avec les différentes sources de pollution, la surmédication et vaccination, la nourriture industrielle et la sédentarité, les pratiques de santé ancestrales valables à une époque se révèlent insuffisantes pour régénérer nos organismes contemporains dévitalisés, déminéralisés et saturés de toxines en tout genre. D’où la nécessité de faire évoluer l’hygiénisme et les médecines traditionnelles pour répondre aux caractéristiques modernes de notre environnement et des êtres humains qui le compose. Les préceptes, quand bien même pertinents, datant d’il y a quelques milliers d’années ou même seulement quelques siècles, doivent être réactualisés.
Nous sommes également à une époque (celle du Verseau) où ne pouvons plus appliquer des préceptes sans les comprendre et sans se reconnecter à son ressenti. On sent bien, par exemple, que les conseils alimentaires ayurvédiques qui font la part belle aux aliments cuits avec des protocoles diététiques très précis ne font plus sens pour de plus en plus de personnes. Tous les animaux sur cette planète mangent cru et s’en portent bien, alors par quelle intervention divine devrions-nous cuire nos aliments pour être en bonne santé ? Pourquoi seraient-ils contre-indiqué pour certains individus de manger cru ? Les praticiens de santé naturelle ne semblent pas véritablement considérer que les profils naturopathiques, ayurvédiques ou autres sont avant-tout des profils de maladies et non de personnes, et que ces profils peuvent évoluer avec l’amélioration du terrain.
Que vous soyez ou non un adepte des médecines traditionnelles, êtes-vous véritablement satisfait de votre état de santé ? Si tel est le cas, vous ignorez probablement le principe de la pleine santé. Et si vous n’êtes pas satisfait de votre santé malgré tous vos efforts, sans doute estimez-vous que cela est dû aux différentes formes de pollution. Dans les deux cas de figure, votre réflexion se trouve dans une impasse. D’une part les véritables capacités du corps humain sont sous-estimées, d’autre part la pollution représente la part émergée de l’iceberg. Dans notre société contemporaine, devenir centenaire (en étant le plus souvent grabataire) semble être un demi miracle. Pourtant, on est très loin d’imaginer ce que peut offrir le corps humain en termes de santé et de longévité lorsqu’on utilise son corps avec le bon mode d’emploi. En réalité, quand on n’est pas satisfait d’un modèle de santé, il faut savoir remettre ses fondations en cause. Personnellement, le modèle qui me parle est celui de la pleine santé, de l’alimentation vivante et de la médecine dite “régénérative”, ce merveilleux héritage que nous a laissé Irène Grosjean.
Médecine régénérative VS médecine d’équilibre
Les médecines hippocratique, ayurvédique et chinoise sont parfois appelées des “médecines d’équilibre” car elles recherchent principalement l’équilibre organique via des cures, des détox, de la phytothérapie, de l’hydrothérapie, des massages, etc, qui, en soient, sont efficaces mais sont manifestement insuffisants pour traiter des pathologies modernes et régénérer en profondeur nos organismes. Tout simplement parce que nous nous sommes trop éloignés de la vie simple et naturelle.
Quand un problème apparaît, la vie (étant parfaite) apporte toujours une solution. Selon mon expérience, se rapprocher le plus possible d’une alimentation végétale et crue (cf l’article « Quel est le bon % d’aliments vivants pour chacun ? »), l’utilisation de certains purgatifs (cf cet article sur les purges), de jus de légumes, d’huiles essentielles, la pratique régulière de l’hormèse (cf cet article sur la loi de l’hormèse) et tout autre pratique puissante comme le jeûne actif peuvent être vues comme des techniques de biohacking : les antidotes adaptés à nos maux modernes.
“Il est à noter que le concept commun est d’équilibrer les énergies dans le corps, pour une bonne santé :
• yin/yang et humidité/feu de la médecine chinoise
• couple froid/chaud et humide/sec de l’ayurvéda
• principes féminins/masculins et eau/feu des hermétistes et des alchimistes
• couples acides/bases et oxydant/réducteurs de nos chimistes modernes
Tous ces points de vue mettent en évidence un équilibre entre deux forces, énergies ou concepts aux propriétés complémentaires. En ce qui nous concerne, ces deux forces opposées sont représentées par les colles et les acides. Nos esprits modernes ont oublié que l’équilibre recherché par l’ayurvéda, la médecine chinoise, l’alchimie et l’hermétisme est l’équilibre interne, – indépendamment – de ce qui vient de l’extérieur. ”
La cure zen détox Aromatic, Tome 1, Miguel Barthéléry
Exemple 1 :
S’il y a un excès de feu (ou d’acidité) dans le corps humain, une des approches des médecines traditionnelles serait de rétablir l’équilibre en apportant davantage d’humidité (ou de mucus) via, par exemple, une cure de riz. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’amidon tamponne l’acidité et qu’il génère des colles (source d’humidité) qui vont rétablir temporairement un équilibre interne.
Mais que fait-on quand un organisme est déjà saturé de toxines ? On ajoute encore des colles pour équilibrer le feu (ou acidité) ou bien fait-on le choix de réduire l’acidité ? Voilà l’approche révolutionnaire de la médecine dite “régénérative” ! On cherche maintenant l’équilibre en réduisant les niveaux de toxicités via des techniques de biohacking inspiré directement du milieu naturel qui nous a donné la vie.
“En mtc (médecine traditionnelle chinoise) pour que le Qi (chi) entre et circule dans le corps, il faut équilibrer l’humidité et le feu qui l’encombrent. L’expérience montre qu’on peut tout aussi bien les faire disparaître. Les hermétistes et les alchimistes nous apprennent qu’“unir” des opposés, c’est les faire disparaître. C’est cela que nous devons comprendre.”
La cure zen détox Aromatic, Tome 1, Miguel Barthéléry
Exemple 2 :
Les animaux domestiques (chiens & chats) développent les mêmes maladies que nous car on leur donne des croquettes toxiques et addictives (aliments cuits contenant, entre autres, des céréales et des produits laitiers non adaptés à leur système digestif), et aussi parce qu’ils servent hélas de “doudoux” et d’éponges émotionnelles pour leur « maître ». Que va-t-on mettre en place comme solutions pour soigner ces pauvres animaux ? Un ayurveda pour chiens et chats à base de poudres et de cures basées sur des profils (la version orientale) ? Des opérations et des traitements chimiques (la version occidentale) ? Ou bien revenir au bon sens et leur donner les aliments qui sont faits pour eux (la version hygiéniste) ?
Revenir au bon sens et se réapproprier sa santé
Notre enseignant est avant-tout la nature et celle-ci nous montre bien qu’aucun animal n’a recours à un diététicien ou thérapeute pour se nourrir. Comment s’y prennent-ils ? C’est simple, ils ne mangent que des aliments crus et non mélangés qu’ils peuvent attraper et qu’ils aiment. D’abord ils regardent l’aliment, ensuite ils le sentent, puis, éventuellement, le goûtent. Si le ressenti est bon, ils en mangent jusqu’à ce qu’un arrêt sensoriel se manifeste naturellement. Et, parfois, ils mangent volontairement des aliments qui les rendent malades quand ils ressentent le besoin de se purger. Certes, l’humain moderne ne peut pas revenir du jour au lendemain à cette alimentation idéale & instinctive mais tout conseil hygiéniste & diététique sensé devrait guider vers un retour progressif à cette approche naturelle & physiologique.
Nous sommes tous faits pour nous nourrir d’aliments appétents que l’on peut saisir à mains nues et manger tels quels. Tout autre théorie sur le sujet n’est que pure fantaisie de l’esprit.
Les changements de civilisation en cours passent aussi, il me semble, par le rejet de toute forme d’autorité plus ou moins arbitraire sensée nous expliquer comment l’on doit vivre et se nourrir. Quand bien même elle soit estampillée ayurveda ou d’une autre école renommée. Les écoles sont sclérosantes et empreintes des limites et de l’ego de ceux qui les ont créées. Les grands principes hygiénistes sont là pour donner des directions et éventuellement un cadre mais en aucun cas pour être suivis à la lettre comme si la vérité pouvait être trouvée à l’extérieur de nous. L’essentiel de l’approche hygiéniste consiste à se reconnecter à notre ressenti et à apprendre à donner de l’amour (en conscience) à notre corps.
1 Response
Très bel article Florian, je termine ma formation wim hof cette année, ensuite j’irai vers cette voie de l’hygiénisme, de la naturopathie entre autre.
Au plaisir de se revoir ( 2023 1er festival du froid ). » tout de bon «