La plaque mucoïde, réalité ou salades ?

“Que ton aliment soit ton médicament”. Hippocrate

« Que ta plaque sorte avec un kit ». Hypocrite

Anatomie des intestins

Avant de vouloir nettoyer ses intestins, il convient de connaître les caractéristiques de la surface en question. Nous avons un intestin cylindrique d’environ 10 mètres de long (dont 8 m d’intestin grêle d’un diamètre moyen de 3 cm suivi de 1,5 m de côlon d’un diamètre moyen de 6 cm) tapissé par une muqueuse dont la surface avoisine les 50m2 . En outre, ce tube digestif qui fait le lien entre l’extérieur et l’intérieur est habité par quelque 10 000 milliards de bactéries, virus et champignons indispensables à notre survie. 

La muqueuse qui recouvre entièrement les intestins est composée de 3 couches superposées : 

  • Elle est formée par une première couche de cellules juxtaposées appelée épithélium intestinal. Ce dernier a la particularité d’être plissé par la présence de valvules (plis circulaires) et de 10 millions de villosités intestinales (petits doigts de 1 mm par 0,1 mm riches en capillaires et en vaisseaux lymphatiques) qui comptent eux-même des microvillosités. Ces 3 niveaux de plis permettent à l’intestin de multiplier par 10 sa surface d’absorption. Structurellement, l’épithélium est composé de plusieurs types de cellules : les entérocytes (absorption), les cellules caliciformes (sécrétion de mucus), les cellules endocrines (sécrétion d’hormones) et les cellules de Paneth (défense antimicrobienne). Les cellules épithéliales naissent dans les cryptes de Lieberkühn (à la base des villosités) et migrent progressivement vers le sommet de la villosité en 3–5 jours. Arrivées au bout, elles meurent (apoptose) et se détachent dans la lumière intestinale. Les villosités, elles, restent en place, seule la couche superficielle de cellules est renouvelée en permanence.
  • Juste en dessous de cet épithélium se trouve le tissu conjonctif qui a pour fonction de servir de soutien, de protéger les autres tissus corporels et d’assurer l’intendance des tissus fonctionnels comme l’apport des nutriments et élimination des déchets.
  • Et encore en dessous, une fine couche de fibres musculaires appelée musculeuse muqueuse.

 

Cette muqueuse intestinale finement plissée qui devrait être globalement de forme cylindrique peut être déformée dans le côlon par la présence de diverticules (petites poches faisant saillies) lorsque le transit est trop lent et/ou que l’alimentation est trop pauvre en fibres.

Les différentes sources d’encrassement des intestins

L’encrassement des intestins peut a avoir différentes origines : 

  • La digestion qui produit naturellement des déchets plus ou moins toxiques suivant la nature des aliments (comme l’acide urique provenant de la digestion des protéines animales). De même, la lymphe et le mucus relâchent naturellement des toxines par les intestins qui est l’un des émonctoires du corps humain.
  • Les aliments, l’air et l’eau pollués par les pesticides, les métaux lourds, etc.
  • Une flore intestinale déséquilibrée (dysbiose) par une alimentation non physiologique et/ou la consommation d’intoxicants (médicaments, alcool, tabac, drogues, etc) qui peuvent libérer des toxines métaboliques (ammoniac, phénols, amines), des gaz (méthane, hydrogène, gaz carbonique) et des endotoxines favorisant l’inflammation intestinale et systémique.
  • Les aliments mal digérés en raison d’une mauvaise mastication, de mauvaises combinaisons alimentaires, ou bien d’une dysbiose (état de déséquilibre dans la population de bactéries du microbiome).
  • Un transit intestinal est trop lent (c’est-à-dire si l’on ne vas pas au moins 2 fois à la selle par jour) favorise le développement de fermentations et de putréfactions qui deviennent source d’auto-intoxication. Ce processus est accentué lorsque l’on consomme des aliments qui ne sont pas conçus pour notre système digestif.
  • Les déchets digestifs stagnant dans des diverticules (cf image ci-dessous).
 

Notes : Les fermentations produisent des gaz et des acides organiques ; les putréfactions (dégradation des protéines par certaines bactéries) produisent de l’ammoniac, des phénols, des indoles, des skatoles, des sulfures et des amines biogènes. Ces substances nocives et irritantes au-delà d’un certain seuil sont responsables des ballonnements et flatulences abdominales. En outre, elles altèrent la qualité de la flore intestinale et fatiguent le foie. 

Pour toutes ces raisons, l’encrassement intestinal contribue aux troubles digestifs, à la malabsorption des nutriments, à l’inflammation de la muqueuse, à la dysbiose, à l’affaiblissement du système immunitaire et, potentiellement, à l’hyperméabilité intestinale qui est en lien avec les maladies nerveuses (Parkinson, SEP, etc). 

Le meilleur et le plus simple moyen d’entretenir naturellement ses intestins consiste à : 

  • Manger principalement des aliments crus du règne végétal pour leur richesse en eau, en fibres (qui servent de balai intestinal, stimulent le péristaltisme et le développement d’un microbiote bénéfique), en enzymes digestives (qui décomposent les macronutriments), en micronutriments alcalins, etc.
  • Mettre en pratique des gestes simples et naturels pour favoriser une bonne digestion. Informations à retrouver dans cet article sur les clefs d’une bonne digestion.
  • Utiliser régulièrement des outils naturels pour nettoyer et régénérer le système digestif. Informations à retrouver dans cet article sur les clefs d’une bonne digestion.

La plaque mucoïde, réalité ou salades ?

Le naturopathe Richard Anderson a introduit le concept de plaque mucoïde dans son livre « Cleanse and Purify Thyself » paru en 1987. Il la décrit comme une accumulation nocive de mucus, d’aliments non digérés et de déchets tapissant les intestins qui peut être éliminée grâce à des jeûnes et divers kits de détoxification qu’il a lui-même mis au point. Depuis, cette plaque mucoïde est vue comme étant à l’origine de nombreux problèmes de santé, bloquant l’absorption des nutriments et obstruant les intestins.

Théorie VS expérience

Le problème avec cette théorie de la plaque mucoïde de Richard Anderson est qu’elle n’est pas confirmée par l’expérience. En effet, les innombrables coloscopies réalisées par les gastro-entérologues ainsi que les milliers d’autopsies ne révèlent aucune trace de plaque mucoïde même chez des patients très malades ayant une mauvaise alimentation. C’est pour cette raison que les médecins, dont bon nombre d’hygiénistes réputés, considèrent que la plaque mucoïde n’existe tout simplement pas. Un point de vue qui est partagé par le Dr Alan Goldhamer (fondateur du TrueNorth Health Institute) qui a supervisé plus de 20 000 jeûnes ; par le Dr Areli K. Cuevas-Ocampo qui examiné attentivement des centaines de tubes digestifs, sans trouver la moindre trace de cette prétendue accumulation ; par le Dr Douglas Graham (auteur du régime 80/10/10) qui s’est renseigné auprès de nombreux chirurgiens ayant retiré des côlons et des sections d’intestins, ainsi qu’avec l’un de ses professeurs de médecine qui a autopsié des milliers de cadavres. 

C’est pourquoi les experts médicaux et les pathologistes, dont le Dr Areli, considèrent que les « serpents » spectaculaires parfois observés ne sont pas des toxines vieilles de plusieurs décennies, mais un mélange de fibres, de mucus, de bile et de cellules intestinales excrétées, parfois colorées ou modelées par les produits des kits détox eux-mêmes. Voir la vidéo ci-dessus pour en savoir plus à ce sujet.

Sans remettre son avis entre les mains de spécialistes, on peut simplement utiliser son bon sens et se poser la question suivante :

Sur quoi pourrait se fixer la plaque mucoïde ?

Pour répondre à cette question, il est important de comprendre que l’épithélium intestinal produit en permanence un mucus qui est essentiel pour protéger la paroi intestinale des agressions et faciliter le transit. Notons au passage que le terme « plaque mucoïde » est un oxymore puisque le mucus, de l’indo-européen commun meug signifiant « glissant », ne saurait être figé en une « plaque ». 

En outre, les différentes cellules de l’épithélium (les cellules qui tapissent la muqueuse) sont renouvelées tous les 3 à 5 jours par apoptose (cf image ci-dessous). Par conséquent, il est difficile d’imaginer une plaque qui se fixe sur des cellules  lubrifiées par un mucus et étant à la fois en mouvement (péristaltisme) et en perpétuel renouvellement (apoptose). En fait, ce n’est tout simplement pas possible. On pourrait alors imaginer que cette plaque soit collée sous cette épithélium, au niveau du tissu conjonctif. Mais dans ce cas l’épithélium serait endommagé et le tissu en dessous déclencherait une réaction inflammatoire immédiate, avec risque de saignement, infection et hyperméabilité intestinale. En conclusion, la fixation de cette plaque ne repose sur rien de solide ! Alors comment interpréter les retours d’expérience qui attestent (photos à l’appui) de l’efficacité des kits de nettoyage pour retirer cette soi-disante “plaque mucoïde” ?

Les kits de nettoyage de la plaque mucoïde

J’ai testé le kit de nettoyage des intestins qui s’appelle ZenCleanz One. Ce protocole consiste grosso modo à consommer toutes heures pendant une journée des poudres de fruits et des enzymes dilués dans de l’eau qui sont censés retirer la plaque mucoïde (si toutefois il en a une !). Ce jour-là de nettoyage, j’avais prévu une balade de plusieurs heures c’est pourquoi j’ai préparé à l’avance une ration (eau + poudre + enzymes) dans un mug hermétique plutôt que de préparer le mélange au dernier moment comme cela est recommandé. Cependant, quand j’ai voulu la boire elle n’était pas à l’état liquide mais complètement gélifiée. J’ai alors soupçonné que ce qui sort des intestins à la suite du nettoyage n’est pas la plaque mucoïde attendue mais simplement les fibres solubles (pectine, psyllium, gommes et autres mucilages) gorgées d’eau qui sont contenues dans les poudres du kit. Ce soupçon est devenu une évidence le lendemain quand j’ai éliminé un long étron bien moulé de 4-5 cm de diamètre et de couleur orange (comme les poudres de fruits). Rien qui ne ressemble à une “plaque mucoïde” mais plutôt à une “plaque mucilagineuse”… 

Si une personne tient à vérifier si oui ou non le kit de nettoyage retire réellement la plaque mucoïde, il lui suffit de le réaliser deux fois de suite à quelques jours d’intervalle. Si la fameuse plaque est sortie la première fois, elle devrait, en toute logique, être absente la fois suivante…

Quelle est la nature des éliminations étranges observées ?

a) Avec les kits de nettoyage 

Ce que beaucoup confondent avec de la plaque mucoïde est en réalité formé par les ingrédients de kits de nettoyage tels que : les fibres solubles (comme les téguments de psyllium) et l’argile bentonite. Ces composés se dilatent massivement lorsqu’ils sont mélangés à l’eau, formant des structures épaisses, caoutchouteuses et cordées, pouvant ressembler à de vieux déchets. En outre, certains produits nettoyants contiennent des laxatifs et des stimulants intestinaux comme la cascara sagrada, le séné et le poivre de Cayenne qui stimulent la production intestinale de mucus. 

Ceci-dit, il est tout à fait raisonnable de penser que les ingrédients de ces kits agissent comme un nettoyant de la muqueuse et qu’ils vidangent les déchets éventuellement accumulés dans les diverticules. Le long serpentin éliminé devrait alors plus être vu comme une éponge passée dans la tuyauterie intérieure plutôt que comme une hypothétique plaque.

b) Avec les jus de légumes

Certains retours d’expériences mentionnent également qu’une plaque mucoïde est sortie au cours d’une cure de jus. Le principe est le même qu’avec le kit de nettoyage puisque les jus contiennent encore de nombreuses fibres solubles et insolubles qui s’accumulent dans les intestins avant de ressortir sous la forme d’un long filament que d’aucun appelle plaque mucoïde.

c) Pendant un jeûne

On pourrait croire que l’élimination d’une plaque mucoïde pendant un jeûne est la preuve irréfutable de son existence. Là encore, le long filament qui sort trouve son origine dans l’accumulation de matière fécales que le corps a conservée en amont du jeûne et qu’il expulse en produisant du mucus.

Comment expliquer les formes tortueuses de la plaque mucoïde ?

Les ingrédients du kit de nettoyage, avec toutes ces fibres qui agissent comme des éponges, semblent quitter le corps en conservant une empreinte du côlon. Si le côlon est sain, sans déformation, ni diverticule ni contracture, les éliminations devraient être cylindriques et régulières. Dans les cas où la “plaque mucilagineuse” est tortueuse, cela indique probablement la présence de contracture, de déformation et de diverticule dans le côlon.

Note : Le côlon est un organe relié à toutes les parties du corps. Les contractures et déformations qu’il peut subir (cf photos ci-dessous) sont parfois causées par des stress, des traumas ou des émotions refoulées. Les lavements mais surtout l’hydrothérapie du côlon ont la capacité, grâce à l’eau pure utilisée qui est à même de nettoyer les toxines et les énergies déstructurantes, de redonner progressivement (au fil des séances) au côlon une forme saine et fonctionnelle.

Quel est l’intérêt des kits de nettoyage des intestins ?

Si la plaque mucoïde n’existe pas, il est en revanche reconnu que les diverticules intestinaux peuvent emmagasiner dans leur poche des déchets alimentaires et des toxines qu’un kit de nettoyage ou un lavement pourront nettoyer.

Par le présence massive de fibres, d’enzymes digestives et de stimulants mucolytiques, ils nettoient les intestins comme un balai et assainissent la flore intestinale. Ceci-dit, comme expliqué en début d’article, si votre alimentation est à base de fruits et légumes crus au quotidien, votre corps reçoit largement son quota de fibres, d’enzymes et de stimulants digestifs sans avoir besoin d’un kit de nettoyage.

Si votre alimentation n’est pas idéale ou si vous êtes en transition alimentaire, il peut être judicieux de réaliser plusieurs séances d’hydrothérapie du côlon éventuellement complétées par un nettoyage des intestins. Comme ces kits sont en général coûteux, je travaille actuellement sur la mise en place d’un protocole plus accessible à base de psyllium, de Pianto Classic, de spiruline et d’enzymes qui sera partagé prochainement sur cette page.

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Espace commentaires

10 réponses

  1. Merci Florian
    C’est comme la cure Moritz où je pense que ce qui sort n’est autre que l’huile d’olive sous forme de gélatine.

    1. Pour la cure Moritz c’est différent et je pense qu’elle agit réellement sur les calculs hépatiques, ceci pour plusieurs raisons :
      – les calculs qui sortent après la cure ne sont pas tous verts, il y en a des bleus, des jaunes, des marrons, etc.
      – ces calculs peuvent sortir sans prendre d’huile, simplement avec l’utilisation du sulfate de magnésium qui agit en dilatant les voies hépatiques.
      – de nombreuses personnes consomment quotidiennement de l’huile d’olive sans pour autant sortir de calculs.
      – de nombreux bénéfices digestifs sont observés après la cure.

  2. Merci Florian. J’apprécie énormément ta manière de présenter les « choses ». Claire et précise. Belle journée à toi. Carol.

  3. Merci Florian ,
    informations , explications précieuses pertinantes .
    Merci encore .

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